Seconde guerre mondiale

Les goélettes sous l’occupation

        La Belle Poule et l’Etoile servaient, depuis 1932, d’annexes à l’Ecole navale pour la formation des élèves officiers. Ce sont des répliques des goélettes islandaises de Paimpol qui pêchaient la morue sur les bancs d’Islande. La pratique de la voile était supposée développer le « sens marin », c’est-à-dire la mesure du risque et l’habileté manœuvrière. Le bon manœuvrier sait se sortir des situations difficiles et tirer des avantages du vent.

        Le 18 juin 1940, au moment de la débâcle, et pour, conformément aux ordres de l’amirauté, ne pas tomber aux mains des Allemands, elles quittent Brest, accompagnées par le bâtiment océanographique le Président Théodore Tissier et rallient Falmouth. Saisies par les Anglais au moment de l’opération Catapult, elles sont rendues aux FNFL dès septembre 1940.

        Dès sa nomination comme chef des Forces navales françaises libres (FNFL), l’amiral Muselier conscient de la pénurie d’officiers, décide de créer une école navale rassemblant les élèves des grandes écoles qui se sont engagés dans la France libre, essentiellement des élèves des classes préparatoires à Navale et aux écoles d’hydrographie. L’école navale est installée à bord du Président Théodore Tissier, mouillé en rade de Portsmouth et les goélettes y sont jointes en tant qu’annexes. Le premier cours ouvrira en octobre 1940 pour s’achever en avril 1941.

        Faute de personnel, les goélettes ne navigueront plus ensemble: elles seront alternativement en navigation ou en disponibilité armée. L’une héberge les apprentis canonniers, l’autre reprend ses mission d’instruction qui ne sont pas limitées aux midships; elle accueille tour à tour, outre les élèves de l’Ecole navale, les apprentis gabiers, canonniers, timoniers, les commandos et même les marins anglais, y compris les WRNS qui sont les marinettes de la Royal Navy. Les goélettes naviguaient dans le SoIent, un vaste chenal qui sépare l’île de Wight de la côte du Hampshire, suffisamment large pour qu’on puisse y naviguer quelle que soit l’aire du vent.

        Portsmouth est fréquemment bombardé par les Allemands et deux bombes incendiaires tomberont en janvier 1941 sur le pont de la Belle Poule qui sera sauvée grâce au courage de son commandant, l’Officier des équipages Blonsard qui est cependant gravement blessé au cours de la lutte contre l’incendie. A la suite de ce bombardement, les goélettes recevront la visite du Roi Georges VI et de la Reine Elizabeth. Le premier maître Liard succède à Blonsard. Pour la petite histoire, la Belle Poule avait déjà été encadrée, lors d’une attaque par un bombardier allemand au cours du transit des goélettes de Weymouth à Portsmouth en novembre 1940, par 4 bombes qui avaient heureusement explosé sans dommage pour le bâtiment.

        Après la fusion avec les Forces maritimes d’Afrique du Nord, l’Ecole navale est transférée à Casablanca, mais les goélettes restent en Angleterre. Leur activité s’achève en avril 1944, quand elles rallient West Hartlepool, sur la côte est pour y être placées en réserve. Pour ce faire, elles avaient du effectuer cette fois au moteur, le tour de la Grande-Bretagne via le canal St Georges et le canal calédonien au nord de l’Ecosse. Elles auront parcouru chacune plus de dix mille milles et navigué environ deux mille heures au service de la France libre, arborant fièrement le pavillon de beaupré à croix de Lorraine.

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